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MÉTAL EXTRATERRESTRE

Il y a 13,8 milliards d’années, au milieu d’un noir abyssal, d’une densité infinie, d’un silence assourdissant : BANG

Les trois minutes suivantes vont voir la création des deux atomes fondamentaux : l’hydrogène et l’hélium. Puis, dans le fourneau des étoiles, les éléments les plus courants vont se charger de protons, de neutrons et d’électrons, jusqu’au Fer.

Enfin, lors de l’explosion des étoiles super-massives, les autres éléments chimiques vont se constituer.

Parallèlement, au fil des explosions, des particules vont se disséminer puis s’agglomérer, constituant ainsi les gros cailloux gravitant autour des étoiles, plus communément appelés planètes. Pour les atomes les moins chanceux au jeu des chaises musicales cosmiques, ils vont former les astéroïdes et graviter autour des planètes, ou dans la ceinture idoine, sis entre Mars et Jupiter dans notre système solaire.

Comme les planètes, les noyaux de certains astéroïdes sont constitués de fer et de nickel. Sur la Terre le noyau reste en activité, mais celui des astéroïdes s’est éteint extrêmement lentement dans le vide. En effet, dans l’espace, il n’y a pas d’air et pas de conduction thermique, et le fer en fusion des noyaux météoritiques s’est très progressivement solidifié, de 1 degré tous les millions d’années.

Ce délai vertigineux combiné à la gravité zéro va engendrer un phénomène impossible à reproduire sur terre, en l’état actuel de la technologie : l’alliage normalement homogène du fer et du nickel va s’organiser selon une structure cristalline, révélant un motif en octaèdre.

C’est spécifiquement ce type de météorites, les octaédrites, qui nous intéressent. Mais avant de couper l’octaédrite et de découvrir si son motif est exploitable, il faut la trouver. Notre planète est constamment bombardée de météorites, la plupart se désintègrent dans l’atmosphère. Celles ayant une masse suffisante s’écrasent généralement dans les océans, les déserts ou les pôles, qui constituent plus de 85% de la surface du globe.

Moins de 1% des météorites trouvées sont des octaédrites de tailles et de motifs exploitables pour réaliser nos montres. Ceci correspond à une quantité d’environ trois tonnes par an, à comparer avec les 3000 tonnes d’or actuellement minées chaque année. On est donc en présence d’un matériau 1000 fois plus rare que l’or.

Mais si ce métal nous passionne, c’est bien au-delà de sa valeur vénale et même de son esthétique unique : A l’heure où nous avons exploré les quatre coins du monde, où se rendre aux antipodes de la terre est devenu courant au XXI ème siècle, il n’existe plus de pays merveilleux. L’exotisme, le mystère, sont morts avec la démocratisation du transport aérien. Mais grâce à la météorite, nous avons un artefact de l’ultime frontière, celle de l’infini. Celle où tout est encore possible.